Princesse de rien (1997-2000)

Après la mésaventure avec Sony, le duo RoBERT/Saladin ne se découragea pas et reprit rapidement le chemin des studios. A la base, ce nouvel opus devait être un album de musique électronique comme Sine. « Question de philosophie » aurait d’ailleurs dû figurer sur ce dernier. Une amie peintre de RoBERT confia un jour à cette dernière que le clavecin se marierait à ravir avec sa voix. Mathieu Saladin contacta alors Jérôme Hantaï, un ami de longue date, spécialiste de musique baroque. C’est de cette collaboration qu’est née l’ambiance musicale très particulière de Princesse de rien. L’album sortira dans un premier temps sous un label indépendant et sera distribué au compte goutte. Puis en mars 2000, une nouvelle version éditée par Naïve verra le jour. Entre temps, RoBERT fait la connaissance d’Amélie Nothomb grâce à un ami commun. De cette rencontre naîtra « L’appel de la succube », premier texte d’une longue série écrite pas la romancière. Plusieurs concerts sont donnés dans la foulée à l’espace Marais, au Café de la danse et au Dezajet. Entre temps la voix de RoBERT a changé : la deuxième version de l’album, en partie rechantée, témoigne de cette transition.
On retrouve dans cet album tout ce qui faisait l’originalité de Sine : il s’agit d’une musique électronique s’appuyant sur des sons digitalisés divers.
La différence réside dans l’univers onirique et médiéval qui a remplacé l’ambiance urbaine de Sine. Les instruments baroques (viole de gambe, flûte baroque et clavecin) étayent un thème déjà abordé dans « Hé toi ! » et que le titre de l’album résume parfaitement : la petite fille qui rêve du prince charmant et qui se crée un royaume grâce au pouvoir de son imagination. Une chanson traduit cet univers médiéval à la perfection : « Psaume » est en fait l’adaptation d’une chanson danoise traditionnelle. Cet air est fredonné dans Le Festin de Babette.
Jérôme Hantaï a rehaussé cette mélodie de clavecin. La voix de RoBERT monte haut et ses mots résonnent comme un avertissement: un peu comme les frontispices des vieux livres de contes, « Psaume » est un cliché, une image forte qui résume, concentre et blasonne l’album tout entier : « Si d’aventure ma voix te rassure, je chanterai jusqu’à l’usure (…) Ne laissons pas le froid le temps nous endormir éternellement. »
On retrouve également des thèmes plus graves et plus actuels comme celui du SIDA (traité métaphoriquement à travers l’image du colchique, fleur empoisonnée) dans « Colchique, mon amour ». La chanson avait été écrite à deux voix, dans l’optique d’un duo qui n’a finalement pas pu voir le jour. Enfin, fidèle à son amour pour la chanson française, RoBERT reprend « L’écharpe » de Maurice Fanon. Cette chanson nostalgique et romantique au possible est interprétée de manière originale : le texte a été quelque peu remanié (le texte avait été écrit pour un homme) et les boucles rythmiques sont composées à partir de bruits de gouttes d’eau numérisés et d’accords à la viole de gambe.
L’histoire de cet album est tumultueuse … à tel point qu’il en existe des versions multiples qui ne manqueront pas de ravir les collectionneurs. La première en date (appelée Karina Square) est sortie en 1997, la seconde (largement remixée) est éditée en France depuis mars 2000 par DEA et distribuée la maison de disque Naïve. Un troisième tirage (toujours chez DEA) contient en bonus track « Nickel », la version single de « Tout ce qu’on dit de toi ». Ajoutons à cela une version japonaise officielle (avec comme bonus track le remix « Dynamite »), et la réédition 2007, ce n’est donc pas moins de 5 versions de cet album qui circulent.


1. L’appel de la succube (Amélie Nothomb – Mathieu Saladin) 2:55
2. Colchique mon amour (Robert – Mathieu Saladin) 4:26
3. Princesse de rien (Robert) 3:40
4. Louis (Robert – Jean Roulet) 3:36
5. Le model (Robert – Mathieu Saladin / Robert) 4:14
6. Tout ce qu’on dit de toi (Robert – Mathieu Saladin) 3:26
7. Question de philosophie (Robert – Mathieu Saladin) 4:04
8. Nature morte (Robert – Mathieu Saladin / Robert) 3:54
9. Qui saura l’aimer (Robert – Mathieu Saladin / Robert) 3:09
10. Les couleurs (Robert – Mathieu Saladin) 3:42
11. Dans la cité nouvelle (Robert) 3:18
12. L’écharpe (Maurice Fanon) 3:38
13. Psaume (Traditionnel / Robert) 1:08
14. Nickel (Tout ce qu’on dit de toi) (Robert – Mathieu Saladin) 2:55
15. Amanite (Robert – Mathieu Saladin) 3:26 remix Nickel par S. et K. Braque
16. Dynamite (Robert – Mathieu Saladin) 4:49 remix Nickel par S. et K. Braque

+ bonus cd-rom : 13 instrumentaux (format mp3), Robert interviewée par Amélie Nothomb, 3 versions Karina Square (1997) : « Triste et sale », « Colchique mon amour » et « Tout ce qu’on dit de toi »